dimanche 29 octobre 2017

- Mer de nuage -




"Le dix-huitième jour après que nous eûmes dépassé Otahiti, un ouragan enleva notre bâtiment à près de mille lieues au-dessus de la mer, et nous maintint dans cette position pendant assez longtemps. Enfin un vent propice enfla nos voiles et nous emporta avec une rapidité extraordinaire. Nous voyagions depuis six semaines au-dessus des nuages lorsque nous découvrîmes une vaste terre, ronde et brillante, semblable à une île étincelante. Nous entrâmes dans un excellent port, nous abordâmes et trouvâmes le pays habité. Tout autour de nous, nous voyions des villes, des arbres, des montagnes, des fleuves, des lacs, si bien que nous nous croyions revenus sur la terre que nous avions quittée.

Dans la lune — car c’était là l’île étincelante où nous venions d’aborder, — nous vîmes de grands êtres montés sur des vautours, dont chacun avait trois têtes. Pour vous donner une idée de la dimension de ces oiseaux, je vous dirai que la distance mesurée de l’extrémité d’une de leurs ailes à l’autre est six fois plus grande que la plus longue de nos vergues. Au lieu de monter à cheval, comme nous autres habitants de la terre, les gens de la lune montent ces sortes d’oiseaux.
À l’époque où nous arrivâmes, le roi de ce pays était en guerre avec le soleil. Il m’offrit un brevet d’officier ; mais je n’acceptai point l’honneur que me faisait Sa Majesté."

Rudolf Erich Raspe, Gottfried August Bürger

« Les Aventures du baron de Münchhausen », chapitre XVI

Traduction par Théophile Gautier fils.
Furne, Jouvet et Cie, 1893 (pp. 191-200).

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