« Cette
chaleur sèche et poussiéreuse. On sent cette terre ocre se coller sur son
visage, pénétrer le nez, les bronches. Le soleil est au zénith. Il fait trop chaud
pour le sentir. Les échoppes font la sieste, au frais. Trop chaud pour héler.
Tu marches, toi, blanche, au milieu des ruelles de terre. On te regarde. Cette
atmosphère s’enfonce aux tréfonds de tes tripes et s’emmêlent. Tu fermes les
yeux, projetée dans le passé, à plusieurs milliers de kilomètres de là :
tu vois ces quartiers de viandes suspendus aux crochets de bouchers dans la
rue ; les coins des chaussées envahis par les déchets de mangues, oranges,
bananes qui pourrissent sous le groin des cochons ; le regard amusé des
locaux qui t’attendent ; et le bruit. La télé, la radio, les cris,
toujours plus forts. Tu souries. Tu souries parce que tu ouvres à nouveau les
yeux, tu te retrouves au milieu de ta pensée. Tu souries parce tu réalises que
tu l’aimes ; tu aimes cette ambiance, cette chaleur douloureuse, ce bruit
insolent, ces rapports enfantins… Tu souries parce que tu dois partir. Tu
souries pour ne pas pleurer. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire