samedi 10 décembre 2011

- La grosse dame qui mange des crabes -

   C'était en 56, sur le sillon, à Camaret... Il y eut d'abord le papier, la mine plomb sur le bois, sa silhouette en tranches de pin. Puis l’œil expert du père sur le stock de chêne. Une colonne vertébrale. Les côtes viennent se caler au rythme de l'herminette... La préceinte maintient la charpente. L'étuve est ardente et accueille les premières lames d'épiderme tannique. Un bordé, deux bordés, trois bordés... le galbord, le ribord... enfin le clore... Musique du fer et du calfat. Et l'on danse sur le pont de La Janine.




   Langoustier-crabier à vivier ouvert de 20m, dernière génération des bateaux de pêche à la voile, il arpentera les mers, des côtes ouessantines au Portugal jusqu'au banc d'Arguin. Ses viviers permettaient de conserver vivante la pêche jusqu'au retour au port. Le mouvement du bateau régénérait l'eau du vivier et une fois à quai, on devait attendre la marée basse que l'eau quitte les cales, pour récupérer la pêche.
   Cette méthode a aujourd'hui disparu et La Janine renferme en son ventre le témoignage de toute une vie oubliée : depuis la construction navale jusqu'à la pêche, en passant par la navigation et l'histoire des familles restées à terre...

   Désarmé en 2004, le navire a été racheté par une association qui se bat pour sa restauration. Grâce à la ténacité de ses membres, la Janine est aujourd'hui classée monument historique du patrimoine maritime.
   Longtemps restée sur le sillon de Camaret, résistant à l'appel de ses frères de pêche peuplant le cimetière, La Janine a récemment retrouvé la douce odeur des copeaux et du coaltar dans un chantier de Douarnenez, où l'on s'apprête à lui porter les soins qu'elle mérite.

- De cette aventure est né le projet d'un livre -
   Il y a Mac Radow, barrique souvent imbibée et à la gueulante facile, fou amoureux de La Janine, de sa belle charpente, de son pont large et de son cul en coeur. Oooh, il l'aime son langoustier et il est prêt à remuer le Monde pour lui éviter le cimetière et retrouver son trésor légendaire...






textes de Christine Ramat
illustration de Biploum

A bon éditeur...

1 commentaire:

Camille a dit…

Tout un univers personnel...aux résonnances universelles...magique!