"Le dix-huitième jour après que nous
eûmes dépassé Otahiti, un ouragan enleva notre bâtiment à près de mille lieues
au-dessus de la mer, et nous maintint dans cette position pendant assez
longtemps. Enfin un vent propice enfla nos voiles et nous emporta avec une
rapidité extraordinaire. Nous voyagions depuis six semaines au-dessus des
nuages lorsque nous découvrîmes une vaste terre, ronde et brillante, semblable
à une île étincelante. Nous entrâmes dans un excellent port, nous abordâmes et
trouvâmes le pays habité. Tout autour de nous, nous voyions des villes, des arbres, des
montagnes, des fleuves, des lacs, si bien que nous nous croyions revenus sur la
terre que nous avions quittée.
Dans la lune — car c’était là l’île
étincelante où nous venions d’aborder, — nous vîmes de grands êtres montés sur
des vautours, dont chacun avait trois têtes. Pour vous donner une idée de la
dimension de ces oiseaux, je vous dirai que la distance mesurée de l’extrémité
d’une de leurs ailes à l’autre est six fois plus grande que la plus longue de
nos vergues. Au lieu de monter à cheval, comme nous autres habitants de la
terre, les gens de la lune montent ces sortes d’oiseaux.
À l’époque
où nous arrivâmes, le roi de ce pays était en guerre avec le soleil. Il
m’offrit un brevet d’officier ; mais je n’acceptai point l’honneur que me
faisait Sa Majesté."
Rudolf Erich Raspe, Gottfried August Bürger
« Les Aventures du baron de Münchhausen », chapitre XVI
Traduction par Théophile Gautier
fils.
Furne, Jouvet et Cie, 1893 (pp. 191-200).
Furne, Jouvet et Cie, 1893 (pp. 191-200).
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